Découvertes archéologiques à Saint-André-sur-Orne

novembre 2015

Il y a 4500 ans, de grands bâtiments à Saint-André-sur-Orne près de Caen

L’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) mène, aux mois d’octobre et de novembre, une opération sur le site de la Delle du Poirier à Saint-André-sur-Orne dans le Calvados. Elle s’inscrit préalablement à un projet d’extension d’une ZAC par la SHEMA afin d’étudier les vestiges contenus dans le sous-sol avant la poursuite des travaux. Prescrite par l’Etat (Drac Basse-Normandie), cette fouille permet de mettre au jour les vestiges de plusieurs bâtiments datés par Carbone 14 de 2600 ans avant notre ère. Cette découverte apporte de précieuses informations sur l’architecture et les modes de vie pendant cette période de transition (entre la fin de l’époque néolithique et le début de l’âge du Bronze) marquée par un profond bouleversement de la société le long des côtes de la Manche jusqu’à la Mer du Nord. Seuls quelques grands bâtiments de ce type ont jusqu’alors été étudiés, en Bretagne (Pléchâtel) et dans le nord.

Un contexte géographique favorable
Le site se trouve à quelques centaines de mètres de l’Orne, sur la première terrasse non inondable. Son environnement immédiat offre des terres adaptées à la culture des céréales par les hommes, qui pratiquent également l’élevage de vaches et de moutons. Plus proches du fleuve, les herbes constituent une nourriture idéale pour le bétail. Enfin, la basse vallée, partiellement marécageuse, offre en abondance du poisson tandis que l’Orne constitue une voie de déplacement idéale, navigable jusqu’à la mer. Ainsi, les hommes ont profité d’un contexte favorable à leur installation, ce qui explique en partie la présence de sept bâtiments ayant pu être repérés sur l’emprise de la fouille et qui semblent se succéder sur une longue période.

De grands bâtiments sur poteaux qui s’étalent dans le temps
Sept grands bâtiments ont été repérés sur la fouille. Les deux plus grands (bâtiments 1 et 5) ont une surface au sol de près de 150 m2. Les archéologues ont mis au jour les trous creusés pour accueillir les poteaux de bois qui constituaient leur ossature. Leur taille et leur proximité laissent envisager la possibilité de bâtiments sur un étage, ou équipés d’un vaste espace de combles. Les murs étaient en torchis et la toiture végétale. Tout autour d’un de ces grands bâtiments, une série de 47 trous de poteaux dessinent une ellipse d’une remarquable régularité et témoignent probablement de l’existence d’une palissade pour délimiter l’espace tout autour du bâtiment.
Quelques objets particuliers découverts lors de la fouille (fusaïole pour le filage, pointe de flèche) et les premières datations du C14 contenu dans des ossements de faune attestent une occupation au Néolithique final, entre 2850 et 2500 ans avant notre ère. Toutefois un bâtiment, le numéro 6, est plus ancien. Sa datation, permise grâce à un nombre plus important d’objets découverts dans les trous de ses poteaux, indique une occupation vers 4000 avant notre ère (Néolithique moyen). L’aménagement de ces grands bâtiments sur ce site, qui offrait des conditions propices pour l’homme, s’est donc étalé sur une très longue période.

Parmi les bâtiments identifiés, le numéro 3, de 60 m2 environ, présente un plan particulier dit en « ampoule ». Sa forme est dessinée par une tranchée continue dans laquelle étaient probablement fichées de grandes perches se rejoignant au faîtage du toit. Les perches étaient ensuite recouvertes d’une couche de chaume de roseau afin d’assurer l’étanchéité et l’isolation de l’ensemble.

Une fonction encore indéterminée
L’interprétation de ces bâtiments reste une hypothèse. En effet, la taille de certains d’entre eux (1 et 5 en particulier), ou la technique de construction (bâtiment 3) pourraient évoquer des édifices communautaires ou funéraires, même si aucune tombe n’est présente. Á l’heure actuelle, seul le grand bâtiment 6 a livré des vestiges (céramiques, meules à céréales, outils de silex et ossements de faune) permettant de déterminer sa fonction et son usage, comme maison d’habitation.
La poursuite des études en centre de recherches, à partir des éléments enregistrés et prélevés pendant la fouille, permettra d’affiner les connaissances sur ces bâtiments et ce site remarquable.

L’Inrap

La SHEMA a confié à l’INRAP la réalisation des investigations, qui est avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise la majorité des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit près de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les Dom. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique au public.

Aménageur Shema

Contrôle Scientifique DRAC Basse-Normandie
Recherches archéologiques Inrap
Adjoint Scientifique et technique Cyril Marcigny, Inrap
Responsable scientifique Emmanuel Ghesquière, Inrap

Lien vers l’article de l’INRAP